Photo : Jos Knaepen |
Qu’est-ce qui vous
a amené à choisir de travailler sur OK
Computer en particulier ?
OK Computer
n’est peut-être pas le meilleur album de Radiohead, mais c’est
historiquement le plus important pour les raisons évoquées dans le
livre. Je ne suis pas un fan inconditionnel du groupe et j’ai
beaucoup hésité avant de vous proposer ce titre – jusque-là, je
m’étais surtout intéressé aux années 1960 et 1970, et
principalement à la musique instrumentale qui nourrit mes propres
projets musicaux. Il se fait que j’étais en train d’écrire des
morceaux pour un groupe d’electro-jazz au moment où j’ai entamé
ce travail, et ça m’a amené assez naturellement à examiner les
secrets de fabrique de Yorke & Co d’un peu plus près. Je
m’étais assez peu penché sur le format « chanson »
jusqu’à ce que je démarre l’écriture des premiers chapitres.
Je me suis rapidement rendu compte que pas mal d’éléments de
cette musique pourtant très (trop ?) familière m’avaient
échappé et j’ai du apprendre à écouter l’album différemment.
Comment vous êtes-vous approprié la ligne éditoriale de la collection ?
J’aime beaucoup
l’idée de « discogonie » – elle permet de se
concentrer sur la « densité » de la matière sonore et
d’analyser la genèse d’une œuvre sans se limiter à l’analyse
musicologique pure et dure, d’une part, ou aux approches
thématiques ou anecdotico-biographiques, d’autre part. C’est une
contrainte intéressante qui incite à la rigueur dans les lectures
rapprochées tout en offrant une liberté d’expression
considérable. Et puis, c’est un livre qu’on peut lire en
écoutant l’album, un peu comme ces bandes sonores que Cosey
recommande pour les albums de Jonathan – enfin, là, je digresse…
Vers quelles sources vous êtes-vous tourné pour recueillir vos informations ? Tenez-vous de l’inédit ?
Il s’agissait surtout de trier l’information et d’établir une grille de lecture solide et cohérente. Vu le nombre de sites internet et de blogs spécialisés scrutant les moindres faits et gestes des membres du groupe, espérer révéler des infos fracassantes est voué à l’échec ! En revanche, j’espère avoir apporté un éclairage un peu particulier, en ratissant large en ce qui concerne les précurseurs, la question des influences et le contexte musical et extra-musical. J’estime que mettre en rapport J. G. Ballard, F.T. Marinetti, Roy Acuff, Can, Ralph Nader, Miles Davis, Hawkwind et Balzac dans ma lecture d’« Airbag » revient à créer de l’inédit sans pour autant partir à la recherche d’anecdotes croustillantes.
Que reste-t-il d’un
tel album quand on l’a étudié sous toutes les coutures pendant
des mois ?
Après avoir écouté
et réécouté un disque des dizaines de fois avec le soin et
l’attention que ce genre d’exercice exige, on pourrait s’attendre
à une réaction de rejet, de saturation, voire d’écœurement. Et
pourtant il n’en est rien, le disque continue de fréquenter
régulièrement mes platines. Je suppose que ça prouve qu’OK
Computer résiste à l’épreuve du temps,
du moins en ce qui me concerne !
Avez-vous des souvenirs de Radiohead en concert ?
Une seule fois. C’était
à Arras en 2008, avec Sigur Rós en première partie. Un excellent
concert mettant en évidence mon album favori, In
Rainbows. Leur prestation m’a procuré des
sensations fortes et durables. Cela dit, les documents live abondent
sur Youtube et ailleurs sont infiniment plus utiles et lisibles dans
le cadre d’une analyse musicale à proprement parler.
Sauriez-vous
brancher les pédales d'effets de Jonny Greenwood les yeux bandés ?
Je ne pense pas — le
seul élément de son attirail que je possède est la Small
Stone...
Où acheter Radiohead OK Computer, le livre de Michel Delville ?
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