Quelques jours très radiophoniques pour la discogonie consacré à l’album Loveless de My Bloody Valentine par Guillaume Belhomme :
Ce soir, mercredi 23 mars 2016, Richard Gaitet en lira un passage à l’antenne dans son émission Nova Book Box (à 1h50 du début environ).
Samedi dernier, c’était sur Fajet, radio nancéienne, dans l’émission Electrophone, hommage a été rendu à l’ensemble de l’œuvre de Guillaume Belhomme, grand contributeur et animateur du Son du Grisli et éditeur, lui aussi.
Dimanche, c'était Sancho Panza qui ramait face au pauvre David Taugis dans son émission Rockoscopie, pour parler (très maladroitement) de ce livre, et de la suite à venir...
Où acheter My Bloody Valentine Loveless de Guillaume Belhomme ?
Bol disco
mercredi 23 mars 2016
lundi 14 mars 2016
Kevin Shields a une théorie
À l’occasion de la remasterisation de Loveless en 2012, Kevin Shields évoquait avec JD Beauvallet le débat analogique versus numérique d’une manière inédite :
Où acheter My Bloody Valentine Loveless ? Chez votre libraire, évidemment, et s’il ne l’a pas, commandez-lui. En ligne ? par exemple ici ou là.
Tu as retravaillé les bandes pour les rééditions. Quelles ont été tes impressions ?Fin 1991, au moment de la sortie du disque, aux Inrocks, c’est Arnaud Viviant qui s’y colle et rebaptise l’album "Wall-less".
J’ai repris ces enregistrements à la source, aux bandes analogiques. À cause des CD, des MP3, des logiciels de studio, ça faisait des années que je n’avais pas entendu d’enregistrements analogiques purs. Ça m’a bouleversé, fait ressurgir des tas de souvenirs, un peu à la façon dont une odeur, parfois, peut vous propulser vingt ans en arrière, réveiller des sentiments enfouis. Une partie de mon cerveau n’avait jamais entendu cette musique depuis son enregistrement, elle m’a sauté aux oreilles, dans toute sa pureté. La musique digitale et la musique analogique ne se stockent pas dans les mêmes zones de la mémoire. On conserve une mémoire beaucoup plus vivace, précise et circonstanciée de la musique analogique.
Les Inrockuptibles n°32, nov./déc. 1991 |
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mardi 8 mars 2016
Beautiful Noise, un documentaire sur la pop noiseuse
Ok, ce n'est pas nouveau nouveau (pas comme le livre de Guillaume Belhomme, qui vient de paraître), mais le documentaire d'Eric Green reviennait sur l'émergence, les effets immédiats et les retombées de cette petite perversion sonore que nous avons tant aimé : la noisy pop. Et My Bloody Valentine y prend une belle part, dans cette perversion des ritournelles.
"This is the story of how Cocteau Twins, The Jesus and Mary Chain, and My Bloody Valentine influenced generations of bands..."
"This is the story of how Cocteau Twins, The Jesus and Mary Chain, and My Bloody Valentine influenced generations of bands..."
« Varié plus qu’irrégulier, Isn’t Anything met au jour les flottements qui sous-tendent à cette époque encore la musique de Shields (que certains soupçonnent déjà de « génie »), tout en donnant à entendre une voix singulière prête à faire école – le premier album de My Bloody Valentine n’est-il pas la source à laquelle seront venus boire Ride, Teenage Fanclub, The Boo Radleys… ? La presse musicale britannique (Sounds, puis NME) se chargera d’ailleurs de faire de ces groupes les éléments d’un courant, voire d’un style, qu’elle baptisera shoegazing au prétexte que leurs guitaristes semblent perpétuellement fixer le sol. Et voici Kevin Shields, avatar de l’ « ambitieux-triste » de Baudelaire, à la tête d’une troupe de traîne-savates emportés par de grands et lents mouvements de guitares sous lesquels il arrive à des voix de percer : Slowdive, Lush, Catherine Wheel, Swervedriver, Pale Saints, Chapterhouse, Moose… Mais le qualificatif (shoegazer) décrit une attitude sur scène davantage qu’une façon arrêtée d’envisager la musique : « les joueurs de guitare indé sont souvent immobiles sur scène, les yeux fixés sur leur manche de guitare ou sur le sol », expliquera le NME. Aux précisions apportées ensuite par Debbie Googe (« on avait le regard braqué sur nos pédales d’effets, pas sur nos chaussures ! ») ou le bassiste de Ride, Steve Queralt (« ça veut dire quoi shoegazer ? Pour ma part, je ne regarde pas mes chaussures quand je joue de la basse. C’est juste une des inventions stupides de la presse anglaise. »), ajoutons celle de Kevin Shields :
La plupart du temps, ce que faisaient les shoegazers qui sont arrivés après nous était bien différent en termes d’humeur, d’intention et d’attitude, tout en ayant en commun ces éléments plutôt superficiels que sont les guitares bruyantes, les voix douces et les rythmiques a minima.Ce que ces groupes ont aussi en commun, ce sont des influences : celle de la musique des années 1960 (pour Shields, le « mouvement » dont on lui attribue la paternité ne serait qu’un mélange de la pop des Sixties avec « un peu de bruit ») comme celle de The Smiths, Hüsker Dü, The Cure, et puis Cocteau Twins, The Chameleons, The Jesus And Mary Chain ou The Fall »
My Bloody Valentine Loveless, Guillaume Belhomme, p. 17
Sur le site vitrine du film, vous pouvez même vous acheter un poster
"dans la peau d'un shoegazer" (version gaucher) :
jeudi 3 mars 2016
Quelques questions à Guillaume Belhomme sur son livre "My Bloody Valentine Loveless" 3/3
My Bloody Valentine Loveless arrive en cette première semaine de mars en librairie. L’occasion de poser nos dernières questions à son auteur, Guillaume Belhomme.
Avez-vous des souvenirs de Loveless en concert ?
Je pense que Loveless est un disque qui interdit de facto sa reproduction sur scène. Pour ce qui est de My Bloody Valentine, si je ratais rarement un concert au début des années 1990 à Rennes (et il y en avait beaucoup), quand le groupe est passé à l’Ubu, en mars 1991, j’étais à… New York – profitant d’un voyage organisé par le lycée où j’étais inscrit en seconde, je tiens à préciser. Il a donc fallu que j’attende leur passage au Zénith de Paris, en juillet 2008, pour assister à mon premier concert de My Bloody Valentine. Par paresse, je cite un autre passage du livre : « Alors, des retrouvailles : le 9 juillet au Zénith de Paris, si les protections auditives empêchèrent toute pâmoison, elles n’entamaient que peu un brouhaha terrible, plusieurs fois interrompu par un limiteur de niveau sonore autrement perturbant. Dans cette configuration, l’exercice montre ses limites, qui impressionne puis abasourdit, et donnerait enfin raison au docteur Jean Larger qui, dans les années 1970, dressait une liste des causes de « traumatismes sonores » dans laquelle on trouve, entre la chasse et la pratique de l’aviation légère, la musique pop dont les torrents d’harmonie sont produits par des amplificateurs de 100 à 150 watts au nombre de 4 ou 5 et dont l’intensité dépasse les 120 décibels du seuil auditif confortable. Quatre à cinq heures à ce régime sont suffisants pour modifier la courbe d’un audiogramme. »
Est-ce indiscret de vous demander les résultats de votre dernier test audiométrique ?
Certes, j’ai aujourd’hui des acouphènes, mais « l’audition est excellente ! » comme me l’a révélé, il y a une dizaine d’années, un professeur parisien. Il m’a aussi expliqué qu’il n’y avait rien à faire contre les acouphènes, en effet : une fois fauchées, les cellules ciliées ne repoussent pas. Mais, comme Alex DeLarge le disait de Ludwig Van : My Bloody Valentine n’y est pour rien !, ni d’ailleurs Merzbow, ou John Wiese, etc., que j’ai écoutés plus tard… La première fois que je me suis rendu compte que mes oreilles continuaient à siffler trois ou quatre jours après un concert, ce fut en octobre 1992. Le 16, plusieurs heures de Ride (balance dans la Salle de la Cité à vide + concert le soir) m’ont imposé ces deux ou trois aigus qui se chevauchent désormais en permanence dans ma tête. Heureusement, ce que l’éminent ORL s’était bien gardé de me dire est qu’il y a avait une chose à faire pour ne plus les entendre : tout jouer plus fort !
Où trouver le livre My Bloody Valentine Loveless ?
ou bien (à Paris)
Avez-vous des souvenirs de Loveless en concert ?
Je pense que Loveless est un disque qui interdit de facto sa reproduction sur scène. Pour ce qui est de My Bloody Valentine, si je ratais rarement un concert au début des années 1990 à Rennes (et il y en avait beaucoup), quand le groupe est passé à l’Ubu, en mars 1991, j’étais à… New York – profitant d’un voyage organisé par le lycée où j’étais inscrit en seconde, je tiens à préciser. Il a donc fallu que j’attende leur passage au Zénith de Paris, en juillet 2008, pour assister à mon premier concert de My Bloody Valentine. Par paresse, je cite un autre passage du livre : « Alors, des retrouvailles : le 9 juillet au Zénith de Paris, si les protections auditives empêchèrent toute pâmoison, elles n’entamaient que peu un brouhaha terrible, plusieurs fois interrompu par un limiteur de niveau sonore autrement perturbant. Dans cette configuration, l’exercice montre ses limites, qui impressionne puis abasourdit, et donnerait enfin raison au docteur Jean Larger qui, dans les années 1970, dressait une liste des causes de « traumatismes sonores » dans laquelle on trouve, entre la chasse et la pratique de l’aviation légère, la musique pop dont les torrents d’harmonie sont produits par des amplificateurs de 100 à 150 watts au nombre de 4 ou 5 et dont l’intensité dépasse les 120 décibels du seuil auditif confortable. Quatre à cinq heures à ce régime sont suffisants pour modifier la courbe d’un audiogramme. »
Est-ce indiscret de vous demander les résultats de votre dernier test audiométrique ?
Certes, j’ai aujourd’hui des acouphènes, mais « l’audition est excellente ! » comme me l’a révélé, il y a une dizaine d’années, un professeur parisien. Il m’a aussi expliqué qu’il n’y avait rien à faire contre les acouphènes, en effet : une fois fauchées, les cellules ciliées ne repoussent pas. Mais, comme Alex DeLarge le disait de Ludwig Van : My Bloody Valentine n’y est pour rien !, ni d’ailleurs Merzbow, ou John Wiese, etc., que j’ai écoutés plus tard… La première fois que je me suis rendu compte que mes oreilles continuaient à siffler trois ou quatre jours après un concert, ce fut en octobre 1992. Le 16, plusieurs heures de Ride (balance dans la Salle de la Cité à vide + concert le soir) m’ont imposé ces deux ou trois aigus qui se chevauchent désormais en permanence dans ma tête. Heureusement, ce que l’éminent ORL s’était bien gardé de me dire est qu’il y a avait une chose à faire pour ne plus les entendre : tout jouer plus fort !
Où trouver le livre My Bloody Valentine Loveless ?
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mardi 1 mars 2016
Quelques questions à Guillaume Belhomme sur son livre "My Bloody Valentine Loveless" 2/3
Archives G. Belhomme |
Vers quelles sources vous êtes-vous tourné pour recueillir vos informations ? Tenez-vous de l’inédit ?
J’espère « tenir de l’inédit » dans mon approche davantage encore que dans les informations que le livre contient. Pour ce qui est des renseignements qu’il donne, j’ai d’abord exploré mes archives personnelles – la montagne de fanzines du début des années 1990 que j’ai conservés – avant d’aller relire le livre (très formel, pour le coup) que Mike McGonigal a publié sur le même sujet dans la collection
33 1/3 de Bloomsbury et surtout de me plonger dans l’immense littérature qu’internet met à disposition : articles, interviews, vidéos… Et puis il y a eu de nouvelles écoutes du disque, programmées pour « rendre compte » à ma manière de ce qu’on y trouve. Je suis même allée jusqu’à approcher Kevin Shields, lui adressant une (et une seule) question par Hotmail interposé ; pour connaître sa réponse, il faudra réussir à déchiffrer le tout dernier chapitre du livre…
Que reste-t-il d’un tel album quand on l’a étudié sous toutes les coutures pendant des mois ?
Il reste tout Loveless ! Une énigme encore, malgré l’éclairage apporté, et les mêmes plaisirs. C’est comme ces schémas que l’on trouve sur internet qui expliquent quelles pédales d’effet il faut relier entre elles pour obtenir le son des guitares du disque : la chose est vaine, d’ailleurs même Shields semble en avoir perdu la combinaison. Alors, retour au disque : tout y est consigné, et en plus il bouge !
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